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SECTION 2 [XVIII — XIX.] Gloire divine de Jésus manifestée dans sa Passion.
(18,1-20,29; voir Mat 26,1-28,20; Mrc 14,1-16,20; Luc 22,1-24,53)
1. L’arrestation de Jésus ; il se livre en toute liberté. (xviii, 1-12).
(Mat 26,47-56; Mrc 14,43-49; Luc 22,47-53)
Après avoir ainsi parlé, Jésus se rendit, accompagné de ses disciples, au delà du torrent de Cédron, il y avait un jardin, dans lequel il entra lui et ses disciples.* Judas, qui le trahissait, connaissait aussi ce lieu, parce que Jésus y était souvent allé avec ses disciples. Ayant donc pris la cohorte et des satellites fournis par les Pontifes et les Pharisiens, Judas y vint avec des lanternes, des torches et des armes. Alors Jésus, sachant tout ce qui devait lui arriver, savança et leur dit : « Qui cherchez-vous ? » Ils lui répondirent : « Jésus de Nazareth. » — Il leur dit : « Jésus de Nazareth, cest moi. » Or, Judas, qui le trahissait, était avec eux. Lors donc que Jésus leur eut dit : « Cest moi, » ils reculèrent et tombèrent par terre. Il leur demanda encore une fois : « Qui cherchez-vous ? » Et ils dirent : « Jésus de Nazareth. » Jésus répondit : « Je vous l’ai dit, cest moi ; si donc cest moi que vous cherchez, laissez aller ceux-ci. » Il dit cela, afin que fût accomplie la parole quil avait dite : « Je nai perdu aucun de ceux que vous mavez donnés. » 10 Alors Simon-Pierre, qui avait une épée, la tira, et frappant le serviteur du grand prêtre, il lui coupa loreille droite : ce serviteur sappelait Malchus. 11 Mais Jésus dit à Pierre : « Remets ton épée dans le fourreau. Ne boirai-je donc pas le calice que mon Père ma donné ? »
12 Alors la cohorte, le tribun et les satellites des Juifs se saisirent de Jésus et le lièrent.
2. Chez Anne et Caïphe (13-27).
(Mat 26,57-58; Mrc 14,53-54; Luc 22,66-71)
13 Ils lemmenèrent dabord chez Anne parce quil était beau-père de Caïphe, lequel était grand-prêtre cette année-là. 14 Or, Caïphe était celui qui avait donné ce conseil aux Juifs : « Il est avantageux quun seul homme meure pour le peuple. »
(Mat 26,69-70; Mrc 14,54.66-68; Luc 22,55-57)
15 Cependant Simon-Pierre suivait Jésus, avec un autre disciple. Ce disciple, étant connu du grand-prêtre, entra avec Jésus dans la cour du grand-prêtre,§ 16 mais Pierre était resté près de la porte, en dehors. Lautre disciple, qui était connu du grand-prêtre sortit donc, parla à la portière, et fit entrer Pierre.* 17 Cette servante, qui gardait la porte, dit à Pierre : « Nes-tu pas, toi aussi, des disciples de cet homme ? » Il dit : « Je nen suis pas. » 18 Les serviteurs et les satellites étaient rangés autour dun brasier, parce quil faisait froid, et ils se chauffaient ; Pierre se tenait aussi avec eux, et se chauffait.
(Mat 26,59-68; Mrc 14,55-65; Luc 22,66-71)
19 Le grand-prêtre interrogea Jésus sur ses disciples et sur sa doctrine. 20 Jésus lui répondit : « Jai parlé ouvertement au monde ; jai toujours enseigné dans la synagogue et dans le temple, tous les Juifs sassemblent, et je nai rien dit en secret. 21 Pourquoi m’interroges-tu ? Demande à ceux qui mont entendu, ce que je leur ai dit ; eux, ils savent ce que jai enseigné. » 22 À ces mots, un des satellites qui se trouvait , donna un soufflet à Jésus, en disant : « Est-ce ainsi que tu réponds au grand-prêtre ? » 23 Jésus lui répondit : « Si jai mal parlé, fais voir ce que jai dit de mal ; mais si jai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ? » 24 Anne avait envoyé Jésus lié à Caïphe, le grand-prêtre.
(Mat 26,71-75; Mrc 14,69-72; Luc 22,58-62)
25 Or, Simon-Pierre était , se chauffant. Ils lui dirent : « Nes-tu pas, toi aussi, de ses disciples ? » Il le nia et dit : « Je nen suis pas. » 26 Un des serviteurs du grand-prêtre, parent de celui à qui Pierre avait coupé loreille, lui dit : « Ne t’ai-je pas vu avec lui dans le jardin ? » 27 Pierre nia de nouveau et aussitôt le coq chanta.
3. Chez Pilate (28 — xix, 16).
(Mat 27,1-2.11-26; Mrc 15,1-15; Luc 23,1-7.13-25)
28 Ils conduisirent Jésus de chez Caïphe au prétoire : cétait le matin. Mais ils nentrèrent pas eux-mêmes dans le prétoire, pour ne pas se souiller et afin de pouvoir manger la Pâque. 29 Pilate sortit donc vers eux, et dit : « Quelle accusation portez-vous contre cet homme ? » 30 Ils lui répondirent : « Si ce nétait pas un malfaiteur, nous ne te l’aurions pas livré. » 31 Pilate leur dit : « Prenez-le vous-mêmes, et jugez-le selon votre loi. » Les Juifs lui répondirent : « Il ne nous est pas permis de mettre personne à mort » : 32 afin que saccomplît la parole que Jésus avait dite, lorsqu’il avait indiqué de quelle mort il devait mourir.
33 Pilate étant donc rentré dans le prétoire, appela Jésus, et lui dit : « Es-tu le roi des Juifs ? » 34 Jésus répondit : « Dis-tu cela de toi-même, ou dautres te l’ont-ils dit de moi ? » 35 Pilate répondit : « Est-ce que je suis Juif ? Ta nation et les chefs des prêtres t’ont livré à moi : quas-tu fait ? » 36 Jésus répondit : « Mon royaume nest pas de ce monde ; si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu pour que je ne fusse pas livré aux Juifs, mais maintenant mon royaume nest pas dici-bas. » 37 Pilate lui dit : « Tu es donc roi ? » Jésus répondit : « Tu le dis, je suis roi. Je suis et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité : quiconque est de la vérité écoute ma voix. » 38 Pilate lui dit : « Quest-ce que la vérité ? » Ayant dit cela, il sortit de nouveau pour aller vers les Juifs, et il leur dit : « Pour moi, je ne trouve aucun crime en lui. 39 Mais cest la coutume quà la fête de Pâque je vous délivre quelquun. Voulez-vous que je vous délivre le roi des Juifs ? » 40 Alors tous crièrent de nouveau : « Non pas lui, mais Barabbas. » Or, Barabbas était un brigand.
* 18:1 XVIII, 1. Matth. xxvi, 36 ; Marc, xiv, 32 ; Luc, xxii, 39. 18:3 3. Cohorte romaine, non pas toute la cohorte de 600 hommes, mais un détachement de cette cohorte qui gardait la forteresse Antonia. Et avec les soldats romains (Matth. xxvii, 27 ; Marc, xiv, 16) des satellites envoyés par le Sanhédrin (Matth. xxvi, 47 ; Marc, xiv, 43 ; Luc, xxii, 47). 18:11 11. Ce calice, symbole des souffrances de la Passion (comp. Is. li, 16 ; Jér. xlix, 12 ; li, 7). rappelle celui de l’agonie au jardin des Oliviers (Matth. xxvi, 52 sv.). § 18:15 15. Pour bon nombre d’exégètes, ce qui suit se passe chez Caïphe ; c’est de lui qu’il s’agit vers. 15, 16 et 19, et au témoignage des Synoptiques c’est dans la cour de son palais qu’eurent lieu les trois reniements de S. Pierre. S. Jean, qui n’avait pas dit un mot de ce changement du lieu de la scène, le mentionne au vers. 24, sous forme de parenthèse ou de récapitulation. Toutefois, il est assez irrégulier de traduire au v. 24 le verbe ἀπέστειλεν par un plus-que-parfait. Aussi plusieurs exégètes pensent, après S. Cyrille d’Alexandrie, que la remarque du vers. 24 devait se lire après le verset 14. Tout se suit alors naturellement. Cependant la phrase du verset 24, telle qu’elle est construite se comprend mieux après le verset 23, qu’après le 14e. Pour expliquer la difficulté de ce passage, il suffit de supposer la cour intérieure commune entre Anne et Caïphe. Et en attendant la réunion des Sanhédrites chez lui, le grand-prêtre Caïphe serait venu chez son beau-père interroger le prisonnier. * 18:16 16. Matth. xxvi, 58 ; xiv, 54 ; Luc, xxii, 55. 18:28 28. Matth. xxvii, 2 ; Marc, xv, 1 ; Luc, xxiii, 1. — Quelques interprètes ont cru que la Pâque ne désignait pas ici l’agneau pascal, mais les victimes qu’on avait coutume d’immoler pendant les 7 jours que durait la fête et plus spécialement celles qu’on immolait le jour le plus solennel, le 15 Nisan (comp. Deut. xvi, 2-3 ; II Par. xxxv, 7-9). C’est à tort ; car ce n’est pas le sens de ces passages. Manger la Pâque, c’est toujours manger l’agneau pascal et jamais ces victimes ni la Hagigah. 18:32 32. Afin que s’accomplît… C’était une disposition d’en haut pour que Jésus fût crucifié, comme il l’avait prédit (Matth. xx, 19 ;  ;  ; ). Les Juifs n’auraient pu que le lapider comme faux prophète (Lév. xxv, 14), comme coupable d’un crime contre la divinité. Pour qu’il subît le supplice de la croix il fallait qu’il fût livré aux Romains qui punissaient ainsi les malfaiteurs insignes et spécialement la rébellion des gens du peuple contre l’État.