11
3. Chap. xi : Troisième motif de persévérance : les grands avantages de la foi montrés par l’exemple des saints. — Nature de la foi, et exemples tirés de l’histoire primitive (1-7) ; de l’histoire des Patriarches (8-22), de celle de Moïse (23-29) et des Ancêtres depuis leur entrée dans la Terre promise (30-38). Conclusion (39-40).
Or la foi est la substance* des choses quon espère, une conviction de celles quon ne voit pas. Cest pour l’avoir possédée que les anciens ont obtenu un bon témoignage. C’est par la foi que nous reconnaissons que le monde a été formé par la parole de Dieu, en sorte que les choses que lon voit nont pas été faites de choses visibles. Cest par la foi qu’Abel offrit à Dieu un sacrifice plus excellent que celui de Caïn ; cest par elle quil fut déclaré juste, Dieu approuvant ses offrandes, et cest par elle que, mort, il parle toujours. Cest par la foi quÉnoch fut enlevé sans quil eût subi la mort : « on ne le trouva plus, parce que Dieu lavait enlevé » ; car avant cet enlèvement, il avait reçu ce témoignage « quil avait plu à Dieu. » Or, sans la foi, il est impossible de plaire à Dieu ; car il faut que celui qui sapproche de Dieu croie quil existe, et quil est le rémunérateur de ceux qui le cherchent. Cest par la foi que Noé, divinement averti des événements quon ne voyait pas encore, construisit, avec une pieuse crainte, une arche pour sauver sa famille ; cest par elle quil condamna le monde, et devint héritier de la justice qui s’obtient par la foi. Cest par la foi quAbraham, obéissant à lappel de Dieu, partit pour un pays quil devait recevoir en héritage, et se mit en chemin sans savoir il allait.§ Cest par la foi quil séjourna dans la terre promise, comme dans une terre étrangère, habitant sous des tentes, ainsi quIsaac et Jacob, héritiers comme lui de la même promesse. 10 Car il attendait la cité aux solides fondements, dont Dieu est larchitecte et le constructeur. 11 Cest par la foi que Sara, elle aussi, qui nétait plus dans lâge de concevoir, en reçut la vertu, parce quelle crut à la fidélité de Celui qui en avait fait la promesse.* 12 Cest pourquoi, dun seul homme, déjà comme mort, sortit une postérité aussi nombreuse que les étoiles du ciel, et que les grains de sable innombrables qui sont sur le bord de la mer. 13 Cest dans la foi que ces patriarches sont tous morts, sans avoir reçu leffet des promesses ; mais ils lont vu et salué de loin, confessant « quils étaient étrangers et voyageurs sur la terre. » 14 Ceux qui parlent ainsi montrent bien quils cherchent une patrie. 15 Et certes, sils avaient entendu par celle d ils étaient sortis, ils auraient eu le moyen dy retourner. 16 Mais cest à une patrie meilleure, à la patrie du ciel, que tendent leurs aspirations. Cest pourquoi Dieu na pas honte de sappeler « leur Dieu », car il leur a préparé une cité.
17 Cest par la foi quAbraham mis à lépreuve, offrit Isaac en sacrifice. Ainsi celui qui avait reçu les promesses, 18 et à qui il avait été dit : « Cest dIsaac que naîtra ta postérité », offrit ce fils unique, 19 estimant que Dieu est assez puissant pour ressusciter même les morts ; aussi le recouvra-t-il comme en figure.
20 Cest par la foi quIsaac bénit Jacob et Esaü, en vue des choses à venir. 21 Cest par la foi que Jacob mourant bénit chacun des fils de Joseph et quil « se prosterna appuyé sur le sommet de son sceptre ». 22 Cest par la foi que Joseph, près de sa fin, fit mention de la sortie des fils dIsraël, et quil donna des ordres au sujet de ses restes.
23 Cest par la foi que Moïse à sa naissance, fut caché pendant trois mois par ses parents, parce quils virent que lenfant était beau, et quils ne craignirent pas l’édit du roi. 24 C’est par la foi que Moïse, devenu grand, renonça au titre de fils de la fille de Pharaon, 25 aimant mieux d’être maltraité avec le peuple de Dieu, que de jouir des délices passagères du péché : 26 il considéra lopprobre du Christ comme une richesse plus grande que les trésors de l’Égypte ; car il avait les yeux fixés sur la récompense. 27 Cest par la foi quil quitta l’Égypte, sans redouter la colère du roi ; car il tint ferme, comme s’il voyait celui qui est invisible. 28 Cest par la foi quil célébra la Pâque et fit laspersion du sang, afin que lexterminateur des premiers-nés ne touchât pas à ceux des Israélites.
29 Cest par la foi quils passèrent la mer Rouge comme une terre ferme, tandis que les Égyptiens qui tentèrent le passage furent engloutis.§ 30 C’est par la foi que les murailles de Jéricho tombèrent, après qu’on en eût fait le tour pendant sept jours. 31 C’est par la foi que Rahab la courtisane ne périt pas avec les rebelles, pour avoir donné aux espions une sûre hospitalité.
32 Et que dirai-je encore ? Le temps me manquerait si je voulais parler aussi de Gédéon, de Barac, de Samson, de Jephté, de David, de Samuel et des prophètes : 33 par la foi, ils ont conquis des royaumes, exercé la justice, obtenu l’effet des promesses, fermé la gueule des lions,* 34 éteint la violence du feu, échappé au tranchant de lépée, triomphé de la maladie, déployé leur vaillance à la guerre, mis en fuite des armées ennemis ; 35 par eux des femmes ont recouvré leurs morts ressuscités. Les uns ont péri dans les tortures, refusant la délivrance afin dobtenir une meilleure résurrection  ; 36 dautres ont souffert les moqueries et les verges ; de plus, les chaînes et les cachots ; 37 ils ont été lapidés, sciés, éprouvés ; ils sont morts par le tranchant de lépée ; ils ont erré çà et , couverts de peaux de brebis et de chèvres, dénués de tout, persécutés, maltraités, 38 eux dont le monde nétait pas digne ; — ils ont été errants dans les déserts et les montagnes, dans les cavernes et dans les antres de la terre. 39 Cependant eux tous que leur foi a rendus recommandables, nont pas obtenu l’objet de la promesse 40 parce que Dieu nous a fait une condition meilleure pour quils n’obtinssent pas sans nous la perfection du bonheur.
* 11:1 XI, 1. La substance, la réalité ; la foi donne une réalité à ce qui, par rapport à nous, est encore à venir ; elle le saisit comme actuellement présent. — D’autres : La foi est une ferme attente ; le mot ὑπόστασις a en effet cette signification. Ps. xxxix (38), 8 ; Ruth, i, 12. — Conviction ; d’autres : démonstration. S. Jean Chrysostome : « La foi est une vue de ce qui est caché, et elle nous donne sur l’invisible la même certitude que celle que nous avons pour les choses qui sont sous nos yeux. Ce dont la réalité ne paraît pas encore, la foi nous en donne la substance, ou plutôt elle l’est elle-même. » 11:3 3. N’ont pas été faites de choses visibles c’est-à-dire ont eu une cause invisible, immatérielle, n’ont pas été faites d’une matière préexistante. D’autres, déplaçant la négation, pensent que l’auteur n’a en vue que l’arrangement et la disposition du monde (Sag. xi, 18) à l’existence visible, à l’ordre que nous voyons.Les sept chapitres consacrés par l’Ecclésiastique (xliv-l) à l’éloge « des hommes glorieux qui sont nos pères », offrent une grande analogie avec celui qui nous occupe. 11:7 7. Comp. Matth. xxiv, 37 ; I Pier. iii, 20 ; II Pier. ii, 5. § 11:8 8-10. Sa foi lui donnait la ferme assurance qu’il entrerait un jour en possession du véritable objet des promesses divines (vers. 13), dont la terre de Chanaan était la figure, dans la cité aux solides fondements (par opposition aux tentes), la Jérusalem céleste (comp. xii, 22 ; xiii, 14 ; Apoc. xxi, 14) récompense de la foi (x, 35). * 11:11 11-12. Sara ; la Vulgate : stérile. Gen. xxii, 17. 11:20 20-22. Voy. Gen. xlvii, 31, d’après les Septante. Ils ont lu matteh (bâton) au lieu de mittah (lit). Le texte hébreu : Israël adora en se tournant vers la tête de son lit. 11:27 27-28. Exod. xii, 37 sv. — La Pâque : Voy. Exod. xii, 7, 22 sv. § 11:29 29-31. Exod. xix, 13-18 et 22 sv. — Jos. vi, 5 sv. — Jos. ii, 11. * 11:33 33-34 Des lions : Jug. xiv, 6 ; David, II Sam. xvi, 34 sv. ; Dan. vi, 17. — Du feu : Dan. iii, 27. — De l’épée : I Sam. xviii, 11 ; I Rois, xix, 1 sv. ; II Rois, vi, 13 sv. ; I Mach. ii, 28. — De la maladie : II Rois, xx. — Des armées ennemies : Jug. vii, I Rois, xvi ; il s’agit peut-être aussi des Machabées, comme le donnerait à entendre la qualification ἀλλοτρίων. 11:34 34-38. Des femmes : I Rois, xvii, 17 ; II Rois, iv, 17 sv. — Torturés : tel le saint vieillard Éléazar, les 7 frères Machabées, II Mach. vi, 18 sv. — Les chaînes, etc. : Jér. chapitres xx, xxii, xxxvii. — Lapidés : Zacharie, fils de Joiada (II Par. xxiv, 20 ; comp. Matth. xxiii, 35). — Sciés : Isaïe. — Éprouvés, tentés : comment ? par la torture sans doute. Ce mot manque dans plusieurs manuscrits et anciennes versions. Au lieu de ἐπειράσθησαν quelques uns proposent de lire ἐπυράσθησαν, ils ont été livrés au feu, comme par exemple, les frères Machabées, chap, vii, 5. Mais cette leçon, plus facile pour le sens, paraît trop conjecturale. De nombreux mss. et des meilleurs placent ces trois mots en cet ordre : lapidés, mis à la torture, sciés. — De l’épée : tels ces prophètes que fit mourir Jézabel (I Rois, xix, 10) Urie, frappé par le roi Joakim (Jér. xxvi, 23) et ces 8.000 Juifs que le roi Antiochus fit périr trois jours après la prise de Jérusalem (II Mach. v, 13). — Peaux de brebis, par exemple Élie (I Rois, xix, 13-19). Comp. Zach. xiii, 4.